L'intérprétation que fait Strelow de ce qu'il appelle "les poisons de la cuisine" est à nuancer fortement. Je vous conseille donc de lire attentivement ce que dit exactement Sainte Hildegarde dans son livre "Physica" sur le poireau, vous en verrez le texte ci dessous. Hildegarde n'est pas du tout fanatique dans ses conseils et elle dit ceci " si vous voulez vraiment manger du poireau, faites le tremper dans du vinaigre de nonnes à sexte, (c'est à dire 3 heures) afin d'enlever le poison qu'il a en lui"
En fait le poireau est allergisant par les molécules de sulfites qu'il contient et ceci est connu parce que par exemple les maraichers font de l'allergie de contact aux poireaux. Les poireaux sont interdits à ceux qui ont une stomie. Les enfants de moins de 1 an ne peuvent en prendre ( programme national nutrition santé français) car il est connu comme allergisant tout comme la fraise d'ailleurs est aussi interdite avant un an.
En donnant mes cours lorsqu'on aborde ce sujet, plusieurs de mes élèves ont dit que leur grand mère préparait les poireaux de la façon dont Hildegarde dit : elles trempaient dans du vinaigre avant de le faire cuire. Cela est en fait suffisant pour le débarasser des sulfites qui auront réagi avec l'alcool du vinaigre.
En fanatisant Hildegarde et en intérprétant mal ses écrits, on donne des boutons à plusieurs personnes qui ne comprennent pas , et on fait aussi des gens fébriles qui prennent au pied de la lettre les mauvaises intérprétations et en font loi d'évangile.
Or Jésus n'a t'il pas dit " rien de ce qui rentre dans l'homme n'est impur mais tout ce qui sort de sa bouche".... aux juifs qui considéraient impure certaines viandes? Il insiste donc sur le coeur plutôt que sur la nourriture. Hildegarde très certainement fait de même en nuançant ses propos.
Attention quand elle dit qu'il provoque des inquiétudes pendant le plaisir d'amour cela ne veut pas dire qu'il est aphrodisiaque mais justement le contraire.... Voici son texte ci dessous
PHYSICA page 57
"Le poireau, qu'on appelle aussi lausch, contient une chaleur rapide et inutile comme celle que dégagent des broussailles, car elle monte et retombe vite. Chez l'homme, il provoque des inquiétudes pendant le plaisir d'amour.
Si on le mange cru, il est aussi mauvais pour l'homme qu'une plante vénéneuse et inutile, car il fait le contraire de ce qu'il faut pour le sang, la décomposition et les humeurs de l'homme: chez l'homme, il ne fait pas augmenter la quantité de sang, il ne fait pas diminuer la décomposition et il ne purifie pas les humeurs.
Si on veut manger du poireau cru, il faut le faire tremper dans du vin avec du sel, ou dans du vinaigre: qu'il reste dans le vin ou le sel jusqu'à ce qu'il soit assez adouci pour y avoir perdu ses forces mauvaises; par exemple du matin jusqu'à midi, ou de none à vêpres. Ainsi adouci, il est bon à manger. Pour les gens en bonne santé, il est meilleur cru et pris de cette façon que cuiL
Mais, pour les malades, il n'est bon à manger ni cru ni cuit, car leur sang n'a pas la chaleur voulue, parce que leur corruption est déjà avancée et que leurs humeurs sont bouillonnantes. Et si un malade en mangeait souvent, il ferait encore empirer tout èela. Si cependant quelques malades ont grande envie de manger du poireau, qu'ils le mangent un peu adouci, comme il est dit plus haut, car il est meilleur cru, sous cette forme, que cuiL
Il n'entre pas bien dans les médicaments, car il pousse sous l'effet des vents capricieux, quand la chaleur contient de l'humidité et que l'humidité contient de la chaleur."