C’est pourquoi, ô mes très chers fils, ouvrez vos yeux et vos oreilles, et obéissez à mes préceptes. Et comment méprisez vous votre Père qui vous a délivrés de la mort ? Les chœurs des anges chantent : Tu es juste, ô Seigneur, parce que la justice de Dieu n’a aucune tache. Il n’a pas délivré l’homme en vertu de sa puissance, mais de sa compassion, lorsqu’il a envoyé dans le monde son Fils, pour la rédemption de l’homme. Aucune tache de boue ne peut souiller le soleil, aucune perversité, d’injustice ne peut atteindre Dieu. Mais toi, ô homme, dans la science contemplative, tu distingues le bien et le mal. Et qu’es-tu, toi dont l’âme est souillée d’une multitude de désirs charnels ? Et qu’es-tu lorsque les pierres précieuses des vertus resplendissent en toi ? Le premier ange méprisa le bien et désira le mal ; c’est pourquoi il reçut le mal,dans la mort de l’éternelle perdition ; et il fut enseveli dans la mort, parce qu’il répudia le bien. Mais les bons anges méprisèrent le mal et aimèrent le bien, en voyant la chute de Satan qui voulait opprimer la vérité et exalter le mensonge ; c’est pourquoi ils furent enflammés de l’amour divin, en possédant le fondement inébranlable de tout bien ; c’est pourquoi ils ne veulent que ce que Dieu veut, et ne cessent jamais de chanter ses louanges. Mais le premier homme aussi connut Dieu, et l’aima en toute simplicité ; et acceptant son précepte, il se soumit (d’abord) à l’obéissance ; après, il s’abaissa vers le mal et tomba dans la désobéissance. Car lorsque le démon lui eut suggéré le mal, il abandonna le bien pour accomplir le mal, et fut chassé du paradis. C’est pourquoi il faut renoncer au mal, par crainte de la mort ; et embrasser le bien, par amour de la vie. Mais toi, ô homme, ayant le souvenir du bien et du mal, tu es placé sur un double chemin ; parce que, si tu détestes les ténèbres du mal, et si tu veux regarder vers celui de qui tu es la créature, et que tu as confessé dans le saint baptême, où la faute antique d’Adam a été rejetée, si tu veux fuir le démon et sa malice, pour suivre le Dieu véritable et ses préceptes : considère, comment tu as appris à te détourner du mal et à faire le bien ; et parce que le Père céleste n’a pas épargné son Fils unique, et l’a envoyé pour ta délivrance, prie Dieu pour qu’il vienne à ton secours ; et il t’exaucera, en disant : Ces yeux me plaisent. Et si tu repousses la tiédeur, pour courir dans la voie des commandements, il exaucera toujours la clameur de tes prières. Car tu dois dompter ta chair, et la soumettre à l’empire de l’âme. Mais tu dis : j’éprouve un tel accablement dans ma chair, que je ne puis me soulever ! Et, puisque Dieu est bon, que lui-même me rende bon ! - Comment puis-je dompter ma chair puisque je suis homme ? - Dieu est bon, qu’il accomplisse tout bien en moi ! - Lorsqu’il lui plaira, il pourra me rendre bon. - Mais je te réponds : Puisque Dieu est bon, pourquoi méprises-tu de connaître sa bonté ; lorsque lui-même a livré pour toi son Fils unique, qui t’a délivré de la mort dans les tourments et les labeurs de toutes sortes ?
Lorsque tu dis que tu ne peux opérer les bonnes œuvres, tu le dis dans l’injustice de l’iniquité. Car tu as des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, un cœur pour penser, des mains pour agir, des pieds pour marcher ; de telle sorte que tu peux te lever ou te baisser, dormir ou veiller, manger ou jeûner, c’est ainsi que Dieu t’a créé. Résiste donc à la concupiscence de la chair et Dieu t’aidera. Car, lorsque tu t’opposes à Satan, comme un valeureux guerrier à son ennemi, alors Dieu se complaît dans ta résistance, et veut que tu l’invoques constamment, à toute heure, et dans toutes les embûches. Mais lorsque tu ne veux pas dompter ta chair, alors tu l’engraisses de vices et de péchés, et tu lui retires le frein de la crainte de Dieu, avec lequel tu devrais la retenir, pour qu’elle ne tombât pas dans la perdition. C’est pourquoi tu te retournes vers le démon, comme lui-même s’est retourné vers l’iniquité, lorsqu’il est tombé dans la mort. Et lui-même, se réjouissant de ta perte, dit : Voilà l’homme qui est semblable à nous ! Et alors, il se précipite sur toi, pour te faire rentrer, selon ton désir, dans ses voies et dans l’ombre de la mort. Mais Dieu connaît ce que tu peux faire de bien ; c’est pourquoi il t’a donné une loi, selon laquelle tu peux travailler. Dieu, dès le commencement du siècle jusqu’à sa consommation, veut se complaire dans ses élus ; afin qu’étant ornés de la splendeur des vertus, ils soient fidèlement couronnés. Comment ? Que l’homme résiste à la volupté de la chair, de peur qu’il ne se laisse entraîner par les délices de ce monde ; et qu’il ne vive pas avec tant d’assurance, comme s’il habitait sa propre demeure ; car il est pèlerin et son père l’attend, s’il veut revenir vers lui au ciel, où il sait qu’il est. C’est pourquoi, ô homme, si tu tournes ton regard vers les deux voies, c’est-à-dire, vers le bien et le mal ; alors tu t’instruis et tu comprends les petites et les grandes choses. Comment ? Par la foi, tu comprends un seul Dieu dans la divinité et l’humanité ; et tu vois aussi les œuvres diaboliques dans le mal. Et, lorsque tu connais les voies de la justice et de l’iniquité ; alors je t’interroge : Quelle voie veux-tu suivre? Si tu veux entrer dans la bonne voie, et si tu écoutes fidèlement ma parole, prie Dieu en de sincères et constantes supplications, pour qu’il t’accorde son secours, et ne t’abandonne pas, parce que tu es débile dans ta chair ; incline ta tête en t’humiliant, ôte le mal de tes œuvres, et rejette-le loin de toi rapidement ; c’est ce que Dieu demande de toi.
Et, de même que, si quelqu’un te présentait de l’or et du plomb, en te disant : Mets la main sur ce que tu voudras… tu prendrais avidement l’or et tu laisserais le plomb ; parce que tu aimes davantage l’or que le plomb : Ainsi tu dois faire plus de cas de la céleste patrie, que de la bassesse du péché. Si tu es tombé dans le péché, relève-toi aussitôt, par la confession et la pénitence, avant que la mort surgisse devant toi. Ton père veut en effet que tu cries, que tu pleures, que tu demandes du secours ; pour que tu ne restes pas dans les souillures du péché. Mais, si tu as reçu une blessure, demande le médecin, de peur que tu ne meures. Est-ce que Dieu n’a pas envoyé souvent des calamités aux hommes, afin d’être invoqué plus attentivement par eux ? Mais toi, ô homme, tu dis Je ne puis accomplir les bonnes œuvres. - Et moi je dis : Tu le peux. Tu demandes : Comment ? - Je réponds : Par l’intelligence et la raison. Tu dis : Je n’en ai pas le désir en moi. - Je réponds : Apprends à combattre contre toi. - Et tu dis : Je ne puis combattre contre moi, si Dieu ne m’aide pas ! - Ecoute donc comment tu combattras contre toi : Quand le mal surgit en toi, sans que tu saches comment te défaire de lui : touché par ma grâce (car dans les voies de ton regard intérieur ma grâce te touche), crie, prie, avoue et pleure ; afin que Dieu vienne à ton secours, qu’il éloigne de toi le mal et te donne des forces pour le bien : Tu possèdes ce don, en vertu de la science qui te fait comprendre Dieu, par l’inspiration du Saint-Esprit. Si tu étais l’ouvrier de quelque homme, toutes les fois qu’il t’importerait de faire ce qui répugne à ton corps, est-ce que tu ne supporterais pas laborieusement bien des choses, pour une récompense terrestre ? Et pourquoi ne sers-tu pas Dieu, pour une récompense éternelle ? Dieu qui t’a donné le corps et l’âme !… Si tu voulais posséder un bien temporel, comme tu travaillerais pour l’avoir, au moins quelque temps ! Maintenant tu te dégoûtes de chercher celui qui n’a pas de fin. Comme le bœuf marche sous l’aiguillon, ainsi tu dois entraîner ton corps par la crainte du Seigneur, parce que si tu le fais, Dieu ne t’abandonnera pas. Si un tyran faisait peser sur toi son joug, tu te retournerais aussitôt vers celui qui pourrait te porter secours, tu le supplierais, tu l’invoquerais, et tu lui promettrais tes richesses, s’il voulait te secourir. Fais de même, ô homme, lorsque l’iniquité t’environne : te retournant vers Dieu, supplie-le, prie-le, et promets-lui ton amendement ; et Dieu t’aidera. Mais toi, ô homme, tu es aveugle pour voir, sourd pour entendre, insensé pour te défendre, puisque l’intelligence que Dieu t’a communiquée, et les cinq sens de ton corps qu’il t’a donnés, tu les considères comme vanité et néant. Est-ce que tu n’as ni intelligence, ni science? Le royaume de Dieu peut être acheté, non acquis en riant.
Ecoutez donc, ô hommes, et ne perdez pas de vue l’entrée de la céleste Jérusalem ; ne touchez pas la mort ; ne niez pas Dieu, en confessant le démon ; n’augmentez pas le nombre de vos péchés ; ne diminuez pas le mérite de vos vertus. C’est Dieu que vous ne voulez pas écouter, lorsque vous refusez de marcher dans la voie des préceptes ; et vous courez après le démon, lorsque vous vous efforcez de satisfaire vos désirs charnels. Revenez donc à vous, et prenez des forces, parce que cela vous est nécessaire. Que l’homme fidèle examine son mal, et recherche le médecin, avant de tomber dans la mort.
S’il examine son mal et va chercher un médecin, lorsqu’il l’a trouvé, il lui montre le suc amer du remède qui peut le guérir : ce sont les paroles sévères, pour éprouver si son repentir vient du fond de son cœur, ou procède de son instabilité. Lorsqu’il s’en est rendu compte, il lui verse le vin de la componction et de la pénitence, pour laver la sanie de ses blessures ; et lui offre l’huile de la miséricorde, pour oindre ses mêmes plaies, en vue de la guérison.
Alors aussi, il lui enjoint d’avoir égard à sa santé, en lui disant : Fais en sorte de continuer cette médecine avec soin et persévérance, sans te dégoûter, parce que tes blessures sont graves. - Il y en a beaucoup qui entreprennent, avec difficulté, la pénitence de leurs péchés ; et bien qu’à grand peine, ils l’accomplissent cependant par crainte de la mort. Mais je leur tends la main, et je convertis en douceur cette amertume, de telle sorte que, pour mon amour, ils accomplissent avec calme cette pénitence entreprise avec difficulté. Mais celui qui néglige de faire pénitence de ses péchés, parce qu’il lui est difficile de châtier son corps, est misérable ; car il ne veut pas regarder en soi-même, et chercher un médecin, ni guérir ses blessures ; mais il cache la pire sanie, et déguise, par de faux semblants, la mort, de peur d’être vu. C’est pourquoi il est lâche, pour expérimenter la pénitence, sans considérer l’huile de la miséricorde, ni rechercher les consolations qui découlent de la rédemption ; il s’avance à grands pas vers la mort, parce qu’il l’aime, et ne recherche pas le royaume de Dieu. Courez-donc, ô fidèles, dans la voie des préceptes de Dieu, de peur que la damnation de la mort ne vous saisisse. Imitez le nouvel Adam (le Christ) et renoncez au vieil homme. Car le royaume de Dieu est ouvert à celui qui court (10), mais il est fermé à celui qui gît sur la terre. Malheureux sont ceux qui ont le culte de Satan et ignorent Dieu! Quels sont-ils ? Ceux qui n’adorent pas Dieu, un dans la Trinité, ni la Trinité dans l’unité, qu’ils ne veulent pas reconnaître.