Mais ces sortes d’hommes, qui me tentent si opiniâtrement par leur art pervers, en scrutant la créature faite pour leur service, et lui demandant de leur montrer, selon leur volonté, ce qu’ils veulent savoir : peuvent-ils par les recherches de leur art, prolonger ou abréger le temps de la vie qui leur a été fixé par le créateur ? Certes, ils ne le peuvent faire, ni pour un jour, ni pour une heure. Ou bien peuvent-ils détourner la prédestination de Dieu ? Nullement, ô misérables ! mais je permets que parfois les créatures vous démontrent vos passions et leurs signes distinctifs, parce qu’elles me craignent comme leur Dieu ; de la même manière que le serviteur montre quelquefois la puissance de son maître, et comme le bœuf ou l’âne et les autres animaux manifestent la volonté de leur maître, lorsqu’ils la remplissent fidèlement dans leur servitude.
O insensés, quand vous me vouez à l’oubli, sans vouloir vous retourner vers moi ni m’adorer, et que vous regardez vers la créature qui vous est soumise, pour savoir ce qu’elle vous présage ou ce qu’elle vous indique, alors vous renoncez à moi obstinément ; et vous honorez la créature infirme, de préférence à votre Créateur.
C’est pourquoi je te demande, o homme, pourquoi honores-tu cette créature qui ne peut ni te consoler, ni te porter secours, ni te faire avancer vers la félicité ? comme les astrologues ordonnateurs de la mort, qui tracent la voie à l’infidélité des peuples idolâtres, et qui ont coutume d’affirmer témérairement : que les étoiles donnent la vie aux hommes et disposent tous leurs actes. O misérables, qui donc a fait les étoiles ?
Mais parfois les étoiles, par ma permission, se manifestent aux hommes avec des signes, comme le montre mon Fils dans l’Evangile, lorsqu’il dit :
21.Paroles de l'Evangile. -
Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles . Ce qui veut dire : Par la clarté de ces étoiles les hommes seront illuminés ; et les temps des temps seront démontrés par leur évolution. Aussi, dans les derniers temps, des périodes lamentables et périlleuses se manifesteront en elles, par ma permission ; de telle sorte que, les rayons du soleil, la splendeur de la lune, et la clarté des étoiles disparaîtront parfois, afin d’émouvoir le cœur des hommes.
De même, c’est par une étoile que l’incarnation de mon Fils s’est manifestée, selon ma volonté. Mais l’homme n’a pas une étoile particulière pour disposer sa vie, comme le peuple imbécile et qui s’abuse, s’efforce de le faire croire ; et toutes les étoiles sont communes à tout le peuple, pour son service. Mais que l’étoile (de l’incarnation) ait resplendi d’une manière plus éclatante que les autres, c’est parce que mon Fils unique, qui est au-dessus de tous les hommes, naquit par l’enfantement d’une vierge sans péché. Mais cette étoile n’apporta aucune autre aide à mon Fils, que d’annoncer fidèlement au peuple son incarnation ; parce que toutes les étoiles et les créatures qui me craignent, accomplissent seulement ma volonté ; et elles n’ont nulle autre signification d’aucune sorte, dans quelque créature que ce soit. Car, lorsqu’il me plaît, elles indiquent ma volonté à la créature ; comme lorsque l’artisan frappe une monnaie, il y imprime la forme qu’il lui plait ; alors la monnaie indique la forme imposée, la chose ne dépendant nullement de sa puissance ; et elle ne connaît pas le moment où l’artisan voudra lui imprimer une autre forme ; car elle ne discerne pas la longueur ou la brièveté du temps, que durera celle qu’il lui a donnée. Que signifie cela ? O homme, si une pierre était à tes pieds, dans laquelle, en l’examinant diligemment, tu conjecturerais quelques signes de tes passions : alors, selon ta fausse estimation, contristé de ton infélicité, ou enorgueilli de ta prospérité, dans ton erreur, tu te dirais : Ah ! je mourrai… ou bien : quel bonheur! je vivrai… ou hélas ! quelle infélicité… ou bienheureux mortel ! quelle prospérité est la mienne ! Et alors, que te donnerait cette pierre ? Mais, peut-elle te donner ou t’enlever quelque chose que ce soit ? Elle ne peut t’être utile ou nuisible en rien. De même aussi, ni les étoiles, ni le feu, ni les oiseaux, ni quelqu’autre créature que ce soit, dans les signes qu’on peut en augurer, ne sauraient te servir ou te nuire en rien.
Que si, en m’abandonnant, tu te fies à cette créature qui a été créée pour ton service : alors, moi aussi, par un juste jugement, je te rejetterai loin de ma face, et je te priverai de la félicité de mon royaume.
Car moi, je ne veux pas que tu scrutes les étoiles, ou le feu, ou les volatiles, ou telle autre créature que ce soit, sur les causes futures ; car si tu les observes obstinément, tes regards me déplaisent, et je te rejette comme un ange déchu qui a quitté la vérité pour se précipiter dans la damnation. O homme, lorsque les étoiles et les créatures ont été faites, où étais-tu ? Est-ce que tu as donné ton avis sur leur création ? Mais la présomption de cette sorte d’investigation, se fit jour dans le premier schisme ; à savoir lorsque les hommes eurent à ce point oublié Dieu, que chaque nation observa superbement les diverses créatures, et rechercha en elles les signes des causes futures. Cette erreur se manifesta dans Baal, que les hommes trompés adoraient comme Dieu, lorsqu’il n’était que sa créature, et vers lequel la dérision satanique les poussa, parce qu’ils préférèrent la créature au Créateur, et qu’ils voulurent savoir ce qu’ils ne pouvaient connaître.