Aujourd'hui nous méditions la vertu du désir du Ciel auquel s'oppose le vice des préoccupations terrestres.
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Les préoccupations terrestres : " Quelles préoccupations sont supérieures à celles concernant ce monde? Comment sinon pousseraient les plantes, comment mûriraient les fruits, le raisin et tout ce qui est nécessaire à la vie et qui nourrit et entretient les hommes? Si mes yeux se remplissaient de larmes, et si je frappais tout le temps ma poitrine en soupirant, et si je passais ma vie à plier le genou, je n'aurais ni nourriture, ni vêtement et je dépérirais. Si j'invoquais sans cesse le Ciel, et que je réclamais au soleil et à la lune et aux étoiles ce qui m'est nécessaire, ils ne m'apporteraient rien. Par conséquent tout ce que je pourrais obtenir en réfléchissant, en parlant et en agissant, je le prendrai, pour peu que cela assure ma subsistance."
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Explication d'Hildegarde: Les préoccupations terrestres accompagnent l'inconstance, car , lorsque les hommes sont inconstants dans leurs mœurs et dans leurs actes, ils sont souvent prisonniers des préoccupations terrestres qui refusent le Ciel et ne recherchent pas la nourriture et le rafraichissement de la vie, en raison de l'instabilité qui règne fréquemment dans leur esprit. On voit que ce personnage a une forme humaine car il est la personnification même des soucis terrestres de ce monde, et il a les cheveux blancs comme les âmes errantes, qui folles et faisant grand bruit, vagabondent, car les hommes qui pratiquent activement ce péché vivent d'énormes supplices dans leur corps et leur âme pour pouvoir rester dans cet état d'agitation, comme s'ils étaient en paix. Ce qui est inquiétude pour les autres, c'est leur paix à eux; et lorsque les autres sont en paix, ce vice fait en sorte qu'ils soient inquiets.
Il se tient nu dans une obscurité digne de l'intérieur d'une barrique, car les sens et le cœur de tels hommes sont contaminés et envahis par la noirceur des tracas et des angoisses terrestres, au point qu'ils évoluent nus sous les yeux de la sainteté céleste, avec un grand plaisir, comme s'ils étaient assis nonchalamment dans un bain. Puisqu'ils affectionnent la nudité de l'inconscience première, dans leurs désirs et leurs souhaits, ils ne demandent jamais à Dieu les vêtements du salut, car toutes leurs intentions et leurs soucis tendent vers ce qui est concret, et parce que tout ce qui est temporel et périssable occupe fébrilement toute leur attention.
Ils disent sottement « Puisqu'après notre mort, nous ne ferons plus partie de ce monde, nous aurons la vie que Dieu veut nous donner une fois que nous serons morts. Et si nous nous mêlons aux créatures et cherchons à nous instruire par elles, ce n'est pas répréhensible, car Dieu a créé les choses ainsi. Nous ne demandons à la création rien d'autre que ce que Dieu a bien voulu y mettre. » Ils parlent ainsi enchainés danss leur existence corporelle, tous leurs soucis concernent la vie présente et non future.
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La vertu du désir du Ciel : •« O voleuse d'âmes, que dis-tu? Ton esprit est plein d'erreur car tu n'as pas foi en Dieu qui pourvoit à tout ce qui est nécessaire; de la même façon qu'un corps ne peut vivre sans âme, aucun fruit sur la terre ne peut mûrir sans la grâce de Dieu. Regarde donc les ossements des morts qui gisent dans leurs tombes, et considère ce qu'ils peuvent faire; ils ne font rien sinon rester allongés et se décomposer. Tu es pareil qu'eux, toi aussi tu n'accomplis rien sinon une vie de négligence, car tu veux vivre sans la grâce de Dieu, et tu ne Le cherches pas non plus. •Moi je réside dans les hauteurs célestes, et j'accueille chaque créature avec la grâce de Dieu, puisque je suis la vie et la verte vigueur dans toutes les bonnes actions, et le collier de toutes les vertus. Je suis le plaisir et la compréhension de l'amour de Dieu, et la réalisation de tout ce qui se tourne vers Lui, car tout ce que Dieu veut je le fais; je vole au dessus des étoiles du Ciel, munie des ailes de la bonne volonté, afin d'appliquer toutes les décisions de Dieu au moyen de sa justice. C'est ainsi que je gravis le mont Béthel, où je contemple directement les œuvres de Dieu, car je ne demande, ni ne désire, ni ne veut rien qui ne soit saint. Je suis le son du psaltérion et de la cithare de sa bienveillance, et dans tous les aspects qui me définissent, je suis céleste. »
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Ste Hildegarde nous conseille de méditer les passages bibliques suivants pour acquérir la vertu de désir du Ciel:
Mt 6.25-33
Rm 12.2
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La liturgie de la fête de la Toussaint nous invite à élever notre regard plus haut que la terre, là où sont les Bienheureux, tous ceux qui nous ont précédés et que nous sommes appelés à rejoindre.
La seule vraie perspective de notre vie, celle qu'il ne faut jamais perdre de vue, c'est que nous ne sommes pas faits pour rester sur cette terre.
Cette vie ici-bas nous est donnée pour nous préparer à entrer dans la lumière divine.
La spiritualité propre à cette fête de la Toussaint c'est donc de vivre sur la terre en gardant toujours présente à l'esprit la perspective du Ciel :
Quelle joie quand on m'a dit : "Allons à la maison du Seigneur". (Ps 121, 1)
Animée par ce désir du Ciel, cette perspective n'est cependant pas désincarnée : c'est ce désir, au contraire, qui va orienter tout l'ensemble de notre vie et se traduire concrètement dans toute notre manière de vivre, et d'abord par le primat des valeurs spirituelles sur les biens matériels.
Ce désir du Ciel va nous amener, progressivement, au détachement des choses de la terre :
"Il y a des hommes tout à la passion des biens passagers, ignorant les biens éternels ou y étant insensibles.
Sans regret des biens d'En-Haut qu'ils ont perdus, ils se félicitent, les malheureux ! de posséder ceux d'en-bas. Formés pour la lumière de la Vérité, ils n'y élèvent jamais les yeux de l'âme. Jamais un désir, un élan vers la contemplation de l'éternelle patrie.
S'abandonnant aux jouissances où ils se sont jetés, ils affectionnent, comme étant leur patrie, un triste lieu d'exil ; et au sein des ténèbres ils sont tout joyeux comme si une brillante lumière les éclairait.
Les élus, au contraire, aux yeux de qui les biens passagers n'ont aucune valeur, recherchent ceux pour lesquelles leurs âmes ont été créées.
Et comme, hors de Dieu, rien n'a pu les satisfaire, leur pensée (...) se repose dans l'espérance et la contemplation de leur Créateur, et le désir de rejoindre les citoyens du Ciel.
Retenu encore dans ce monde par les liens de la chair, chacun d'eux cependant se transporte en esprit au-delà de ce monde. Il prend la résolution salutaire de mépriser ce qui passe avec le temps pour ne désirer que les choses qui demeurent". (saint Grégoire).
La voie du bonheur
Relativiser ainsi les choses de la terre, sans leur donner plus d'importance qu'elles ne méritent, là est le secret de la vraie joie.
Nous ne la trouverons pas dans l'abondance matérielle ou le confort : Dieu seul peut combler notre coeur. Car nous sommes faits "pour Lui".
Comment parvenir au Ciel ? Comme tous les saints : par une vie pure, conforme aux commandements et aux béatitudes.
Heureux ceux qui marchent, irréprochables dans leur voie, selon la loi du Seigneur. (Ps 118, 1)
Là est la voie du bonheur. La seule vraie. Celle que nous devons suivre, nous et nos enfants : c'est à nous de la leur montrer. Car si Dieu nous les a confiés, c'est pour les conduire vers Lui.
C'est à nous de leur apprendre, dès le plus jeune âge - et d'abord par notre exemple - à vivre sous le regard de Dieu, source de la vraie joie de vivre et à garder leur regard plus haut que la terre.
A travers les choses visibles, faisons-leur découvrir l'Invisible.
C'est ainsi qu'ils apprendront à relativiser les petits ennuis de chaque jour, à les offrir en sacrifice, et à goûter la joie des cœurs purs.
Ne vous conformez pas au monde présent…
Notre monde contemporain est plongé dans le matérialisme et la tristesse… il a besoin de rayons de soleil : des âmes assez solidement "accrochées par le Haut" pour résister aux attraits de la société de consommation, et témoigner que la vraie joie se trouve à faire le bon plaisir de Dieu.
Ne vous conformez pas au monde présent,
Mais (...) par un renouvellement de votre esprit
cherchez à discerner quelle est la volonté de Dieu,
ce qui est bon, ce qui Lui est agréable, ce qui est parfait. (Rm 12, 2)
(source)
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Maintenant, vous pouvez lire la prière donnée par Hildegarde pour être loin des vices, en pensant tout spécialement à demander d'être loin du vice des préoccupations terrestres. Je peux prendre note de ces choses sur un papier de tous les domaines de ma vie ou situations où je ne suis pas dans le désir du Ciel mais dans les préoccupations terrestres. J'en demande sincèrement pardon à Dieu et prends des résolutions pour changer.